Décryptage par nos experts des constats et analyses présentés dans le dernier rapport de l’ACPR sur la solvabilité des assureurs soumis à Solvabilité II à fin 2022
Dans sa dernière étude parue le 26 juin 2023, l’ACPR dresse un bilan de l’évolution de la solvabilité des assureurs français soumis à la directive Solvabilité II entre fin 2021 et fin 2022.
Ce rapport apporte un éclairage sur l’évolution des situations de solvabilité entre 2021 et 2022, ainsi que celle du marché avec un focus sur l’évolution de la collecte sur cette même période. Il permet également de répondre à plusieurs questions : Quelle évolution de la solvabilité dans un contexte de hausse des taux et d’inflation ? Quelle évolution de la rentabilité des assureurs non vie dans un contexte de forte inflation et de hausse des catastrophes naturelles ? Quelles modifications dans les allocations d’actifs dans un contexte de hausse brutale des taux ? Qu’est-ce qui explique l’évolution des ratios de solvabilité ?
Comment nos experts interprètent les évolutions de la situation des acteurs soumis à Solvabilité II, en complément des analyses proposées dans le rapport
D’un point de vue business/marché :
- La hausse des taux (de marché, directeurs et donc d’emprunts), la hausse du taux du Livret A, le contexte financier international anxiogène (faillites de banques américaines et Eurovita en situation exsangue en Italie) ainsi que la hausse de l’inflation et la baisse du pouvoir d’achats qu’elle engendre, sont des éléments qui contribuent à expliquer la baisse de la collecte brute et de la hausse des rachats ;
- La promotion depuis plusieurs années des supports en unités de compte auprès des clients,bien aidée par la faible rémunération passée des Fonds euros, apportent un éclairage sur les arbitrages Euro / UC.
D’un point de vue purement solvabilité :
- L’information majeure est la relative stabilité (-6 pts de pourcentage) du ratio de couverture du Capital de Solvabilité Requis (CSR) en vision consolidée marché : passage de 253 % (2021) à 247 % (2022).
Cette faible évolution s’explique par des effets qui se compensent :
- La baisse des éléments éligibles :
- Baisse des fonds excédentaires (incluant la PPB) du fait :
- de la hausse de PB dans les taux servis de fin 2022 pour limiter le spread avec les taux de marché et ainsi contenir potentiels les rachats dus à une insatisfaction ;
- de l’effet actualisation de la chronique de flux projetés de PPE considérés dans le calcul des fonds excédentaire.
- Baisse des Fonds Propres éligibles (hors fonds excédentaires). Sur ce point, les éléments à disposition ne permettent pas d’être catégorique, mais certains éléments peuvent contribuer à cette baisse : la baisse des marges futures induites par la baisse des actifs sur l’année 2022 (très dépendante du gap de duration), une baisse mécanique de la valorisation des emprunts subordonnés du fait de la hausse des taux, etc.
- Baisse des fonds excédentaires (incluant la PPB) du fait :
- Hausse de certains SCR sous modulaires :
- Hausse du SCR souscription, portée par la hausse du SCR rachat massif. En effet, étant donné que le choc intervient en tout début de projection, il conduit à une matérialisation de la situation latente à l’actif ; or, avec la hausse des taux, sans une optimisation de la modélisation, le choc entraine une réalisation de moins-values latentes plus ou moins importantes en fonction de l’allocation d’actifs de l’acteur.
Ce sujet a été un des principaux défis de pilotage du SCR des acteurs du marché lors de la production de fin 2022.
Le décryptage de nos experts Solvabilité II
Ce rapport est très intéressant et permet d’avoir en vision consolidée marché, les impacts chiffrés de tous les phénomènes majeurs de l’année 2022. A présent, il sera intéressant de suivre sur l’année 2023 :
- Dans quelle mesure la poursuite de la hausse des taux annoncée va continuer d’influer sur la modification de l’allocation d’actifs des assureurs et sur les marges futures ;
- Si l’effort consenti par les assureurs vie en termes de rendement des fonds euro, aura permis de contenir les rachats ;
- L’évolution de l’inflation et des catastrophes naturelles qui impactent significativement la profitabilité des acteurs Non-Vie.
Cet article a été rédigé par nos experts :
Ange BOUYOU MANANGA
Senior Manager – Actuarial Consulting
Elie MERYGLOD
Senior Manager – Modeling & Finance Life & Health
François BAYÉ
Director, Deputy Head of Actuarial Consulting
Simon THIBAULT
Senior Manager – Modeling & Finance Life & Health
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