Alors que de nombreuses compagnies d’assurance n’utilisaient pas jusqu’à récemment d’hypothèses d’inflation dans leur processus de provisionnement, les taux d’inflation actuels estimés par les compagnies – d’environ 7%[1] – remettent en question ces habitudes.
Pour anticiper de « futures pertes » liées à l’inflation, certaines compagnies sont même allées jusqu’à rajouter des provisions supplémentaires. La nécessité d’intégrer l’inflation aux provisions techniques est donc devenu un facteur majeur pour leur solvabilité.
La question pour les assureurs est désormais de savoir comment procéder à cette intégration de l’inflation.
Comment intégrer l’inflation dans le calcul des provisions ?
Le calcul de l’inflation dans le processus de provisionnement nécessite deux étapes : d’une part, l’estimation de l’inflation future, et d’autre part son intégration dans le calcul de provisions techniques. Cet article a pour but de donner des pistes de réflexion pour estimer l’inflation future, puis met ensuite l’accent sur son intégration au sein des méthodes de provisionnement, avec addactis® IBNRS®.
1ère étape : estimation de l’inflation pour les compagnies d’assurance – Pistes de réflexion
Pour estimer l’inflation future, la première difficulté est de réussir à caractériser la période donnée soit avec un scénario de prix durablement plus élevés, ou bien avec des pics d’inflation, temporaires et potentiellement atypiques. Dans tous les cas, la disponibilité de données pertinentes basées sur des évènements historiques similaires constitue une seconde difficulté. Cela soulève une même question pour les compagnies : doivent-elles utiliser leurs propres données, ou les indices marché ? A l’aide d’analyses financières et actuarielles, nous pouvons comparer les deux options :
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- L’utilisation de données internes reste la solution la plus rigoureuse. Néanmoins, le caractère fluctuant de l’inflation selon les sinistres implique de disposer d’une granularité précise pour réaliser cette étude. Ce niveau pourrait être difficile à atteindre : des triangles agrégés par secteur d’activité ne suffiront pas à dessiner une inflation-type. Les assureurs sont donc mis au défi d’étudier des sinistres-types, dont la définition est à arbitrer au sein de la compagnie.
- Les indices de marché restent la solution la plus simple grâce à leur disponibilité. Pour autant, la difficulté est ici de s’assurer que ces indices sont adaptés au profil de l’entreprise.
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La réponse à toutes ces questions est finalement différente selon le type de compagnie, son système de données et sa vision économique.
Une fois les taux d’inflation estimés, il est essentiel de disposer d’outils appropriés afin de sécuriser et de gérer l’intégration de l’inflation dans les processus de provisionnement.
Avec addactis® IBNRS®, nous nous concentrons sur une manière simple et conviviale de traiter ces aspects, grâce à une intégration étape par étape.
2ème étape : intégration de l’inflation pas-à-pas avec la solution de provisionnement addactis® IBNRS®
addactis® IBNRS® offre déjà des solutions pour inclure l’inflation dans le processus de provisionnement.
Avec addactis® IBNRS®, l’utilisateur a la possibilité d’ajouter autant de vecteurs d’inflation qu’il le souhaite (basés sur l’IPC, les salaires, les coûts de construction, les coûts des pièces détachées…).
Pour chacun de ces vecteurs, il est possible de définir si l’inflation doit être appliquée à mi-période, uniquement en fin de période, ou encore si les taux sont fixés annuellement ou par période de développement. Il est également possible d’ajouter une ou plusieurs périodes si les futurs taux d’inflation ont besoin d’être spécifiés par année.
Figure 1 – Options disponibles pour l’intégration de l’inflation
Une fois que le(s) vecteur(s) d’inflation ont été créés, il(s) peuvent être utilisés dans plusieurs méthodes au sein d’IBNRS®, comme la méthode Chain Ladder, Munich Chain Ladder ou encore la méthode Bootstrap.
Au début de la méthode, l’utilisateur peut définir le vecteur d’inflation à appliquer grâce à un menu déroulant. L’inflation s’applique ensuite au triangle, conformément aux options choisies.
Figure 2 – Modèles de triangles sans et avec inflation
Ensuite, la méthode est calculée d’après le triangle comprenant l’inflation. Enfin, lorsque le triangle complet est prêt, l’inflation future s’applique aux données prévisionnelles.
Figure 3 – Inflation appliquée aux données prévisionnelles
(Dans ce tableau, le triangle passé reste le même avec ou sans inflation car il représente les montants passés exacts, l’objectif est donc de montrer l’inflation appliquée.)
Enfin, si plusieurs méthodes ont été créées avec et sans inflation et avec différents vecteurs d’inflation, il est alors possible de choisir celles qui sont les plus précises dans le volet résultats détaillés.
Figure 4 – Analyse des différents triangles pour alimenter la prise de décision
L’hypothèse selon laquelle l’inflation tendait à se stabiliser avec le temps s’est largement répandue ces dernières années (à l’exception de certains cas spécifiques), car l’inflation future était de facto relativement similaire à celle passée. Dans de telles conditions, l’utilisation de la méthode Chain Ladder sans vecteur d’inflation était devenue pratique courante. Cependant, l’inflation ne cesse de croître en raison du contexte géopolitique actuel. Ainsi, même si l’inflation passée était stable, elle n’est plus comparable à l’inflation future. Les compagnies d’assurance ont donc un réel intérêt à ajuster leurs processus de provisionnement, et peuvent choisir addactis® IBNRS® pour le faire.
[1] Cette donnée provient des études réalisées par Addactis et est susceptible de varier selon les secteurs d’activités et les zones géographiques, avec des taux compris entre 7 % et 10 % pour le secteur industriel ; pour des sinistres automobiles, ils varient entre 6 % et 7 % à cause de l’augmentation du coût des pièces détachées (notamment pour les pièces en verre, très utilisées et demandées dans le domaine médical en période de COVID); pour des dommages corporels, une très forte inflation est notable (de l’ordre de 15 %), liée à la chute des taux d’intérêt (impactant le coût des rentes) et la révision des calculs de compensation.
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