Benchmark : dernières pratiques et enjeux en provisionnement non-vie

L’observatoire addactis a réalisé, en 2024, une enquête nationale auprès des assureurs Non-Vie du marché français, afin d’actualiser ses études précédentes et de mettre en lumière les tendances du marché dans un contexte en forte transformation.

L’estimation des provisions techniques est un enjeu majeur pour l’industrie, en particulier aujourd’hui, dans un contexte d’incertitude importante quant à la sinistralité future, en particulier en assurance Non-Vie. Résurgence de l’inflation, dérive climatique, émergence de risques nouveaux, innovation technologique et complexification des processus, environnement économique et contraintes réglementaires, sont autant de défis particulièrement marqués dans le contexte actuel. Cette enquête a pour objectif de recueillir, directement auprès des acteurs de terrain, comment le marché français s’adapte et s’organise afin de faire face à tous ces défis.

Elle est également l’occasion pour l’observatoire d’actualiser les informations déjà collectées sur ce sujet lors d’enquête précédente réalisée en 2017, de sorte que l’on puisse également tirer de ces travaux des tendances et évolutions du marché français.

Vous trouverez ci-dessous les principaux éléments issus de notre enquête.

Au global, la gouvernance au sein des entreprises participantes est claire, avec une bonne définition des rôles et responsabilités de chacun, et une comitologie associée.

La plupart des acteurs estiment être bien accompagnée par la Fonction actuarielle, notamment c’est un accompagnement au fil de l’eau avec un rôle proactif sur les différents choix et de calcul tout au long du processus de provisionnement.

La majorité des acteurs interrogés formalise assez bien les documentations sur le processus de provisionnement. 100% des acteurs interrogés tiennent à jour une documentation technique ainsi qu’un guide utilisateur du modèle. Près de 70% des sondés utilisent une piste d’audit (en augmentation de 20% par rapport à la dernière enquête addactis). Et en termes de note de jugement d’expert, 60% des répondants produisent une note afin de recenser les choix d’expert réalisés et les situer en termes de sensibilité.

En réponse à l’exigence réglementaire croissante de l’ACPR concernant la qualité des données, 100% des entreprises auditionnées ont institué un responsable QDD, dont la majorité d’entre eux sont assistés d’une équipe dédiée, et quasi tout le monde ont une comitologie dédiée.

Les organismes sondés sont toujours à l’aise avec la segmentation retenue comme en 2017, qui est dans la plupart des temps s’est basée sur une vision historique. Pour autant, moins de la moitié des répondants réalisent des contrôles pour suivre le critère d’homogénéité dans le temps et la moitié produisent une documentation justifiant de la segmentation retenue.

En termes de seuil de séparation des sinistres, 90% des entreprises participantes ont implémenté un seuil de graves (en augmentation de 12 % par rapport à l’enquête précédente), qui sont souvent historiques ou donnés par des seuils de réassurance. Et le même constat sur la documentation de la segmentation globale a été observé : la moitié des sondés suit la pertinence des seuils dans le temps.

Même s’il y a toujours une empreinte importante des méthodes classiques telles que la méthode de Chain Ladder ou de Bornhuetter-Ferguson, le marché tend à se diversifier avec des nouvelles méthodes alternatives pour challenger ou effectuer des études de back testing.

Au cours des entretiens avec les parties sondées, plusieurs risques liés aux processus ont été identifiés, notamment la perte d’informations suite au fort turnover dans les équipes et la difficulté d’intégrer des facteurs économiques tels que l’inflation ou les changements climatiques dans l’estimation de provision.

Tuyen LE
Manager
Modeling & Risk P&C
Addactis